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La vie extraordinaire de la Baronne Clara de Hirsch, philanthrope.
Si au XIXe siècle les femmes vivaient souvent à l'ombre de leur mari, l'histoire a également retenu le nom de certaines d’entre elles, émancipées et/ou visionnaires, à la lumière de leurs réalisations. Il est ainsi de la baronne Clara de Hirsch.
Par Rémy Serrouya
Directeur administratif et financier de la Fondation du Judaïsme Français
Née à Anvers en 1833 dans une famille de banquiers, elle épouse en 1855 le baron Maurice de Hirsch. A eux deux, ils forment un tandem hors du commun, lui aux affaires et elle dans le domaine du social.
Ses premières actions humanitaires se concentrent sur les populations de Russie. Les Juifs vivent alors des moments de terrible souffrance, confrontés aux pogroms, aux discriminations et à la misère la plus noire. Clara de Hirsch va permettre à des dizaines de milliers d’entre eux de fuir ces persécutions et de s’installer en Amérique, essentiellement en Argentine et au Nicaragua. Profondément philanthrope, elle ne va pas se « limiter » à n’assurer que leur départ mais, suivant les préceptes de Maïmonide, va, dans une vision à long terme, aller au bout de sa démarche. Ainsi, en Argentine elle finança la construction de fermes agricoles pour permettre à ces réfugiés russes de subvenir à leurs besoins et de devenir eux-mêmes des acteurs économiques à part entière. L’objectif de la baronne, était d’offrir un toit, mais aussi les moyens de bâtir une nouvelle vie.
Anecdote intéressante, le père de René Goscinny, Stanislav, ingénieur de formation, fut engagé par la baronne de Hirsch pour l’aider dans ses actions d’intégration des immigrés de Russie en Argentine et au Nicaragua. Sans doute retrouve-t-on dans le personnage d’Astérix, un peu de ce caractère latin, puisque c’est sur cette terre de soleil et de passion que son créateur a grandi.
Pour Clara de Hirsch, l’éducation était une clé essentielle pour l’émancipation et la prospérité des populations. Ainsi, aux États-Unis et en Europe, elle s’est impliquée dans les programmes d’écoles et de centres de formation pour favoriser l’intégration des immigrés. Ces institutions avaient à ses yeux un double rôle. Ils étaient à la fois un lieu de refuge mais aussi, surtout de transmission des savoirs.
Suivant le même modèle, en France, la baronne de Hirsch a soutenu des initiatives pour permettre aux juifs émigrés de maintenir un lien fort avec leur héritage culturel tout en s'intégrant à la société française. Son credo : s’appuyer sur l’éducation comme levier d’intégration et ainsi, briser les stéréotypes. A Paris, on lui doit la création de l’école Lucien de Hirsch, avenue Secrétan. Toujours en activité, cette école, dédiée à la mémoire de son fils Lucien, visait à offrir une éducation de qualité aux enfants défavorisés.
On lui doit également des contributions exceptionnelles à l’institut Pasteur pour le développement de la recherche médicale.
Véritable icône de la philanthropie et référence pour la Fondation du Judaïsme Français, Clara de Hirsch a consacré toute son énergie et ses moyens à améliorer les conditions de vie de ses contemporains, en distribuant des millions avec intelligence : Aider, Éduquer mais surtout Autonomiser les personnes dans le besoin. Dans le 7e arrondissement parisien, au square Boucicaut, une sculpture la représente. Un hommage de la ville de Paris à cette femme extraordinaire, qui témoigne de son engagement en faveur de l’éducation et de la science. Une sculpture réalisée en 1914, alors que le capitaine Dreyfus venait juste d’être réhabilité…