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Benjamin Brami, fondation famille Brami
« Je considère que l’éducation est l’un des piliers de la culture juive »
Propos recueillis par Josyane Savigneau
Votre fondation est assez récente. Comment avez-vous décidé sa création, et pourquoi ?
Benjamin Brami : Début 2023, mes deux associés – Charles Sutton, Yoel Tordjman – et moi-même avons mandaté la banque d’affaires Edmond de Rothschild (EDR) pour mener à bien le projet d’adossement industrielle de notre start-up.
Nous avions tous les trois à cœur de soutenir des causes qui nous sont chères, et d’aider ceux qui en ont besoin. Créer une fondation permet de le faire de manière industrielle, et présente un avantage fiscal important. En effet, nous avons apporté des titres de notre société à la fondation, qui n’est pas soumise à l’impôt sur la plus-value réalisée, à l’inverse des particuliers.
Pourquoi avoir choisi d’être sous égide de la Fondation du Judaïsme Français (FJF) ?
Créer une fondation « from scratch » (à partir de zéro ) est assez compliqué, donc je suis parti avec l’idée d’une fondation sous égide, et EDR m’a recommandé la FJF. Tout de suite, j’ai eu un très bon contact avec l’équipe, donc tout cela s’est fait assez naturellement. La FJF soulage notre fondation d’un certain nombre de tâches. Toute la partie comptable et administrative est gérée par elle, ce qui est un avantage non négligeable.
Vous dites que vous vouliez vous orienter vers un projet philanthropique. Pourquoi ?
J’ai été habité, très tôt, par cette question de la philanthropie, et cette décision s’inscrivait dans la logique de mon éducation. Mon oncle, Hugo Nataf est le président de l’association Alef, et mes parents ont toujours été pour moi un modèle de générosité. Avec mon épouse, Chloé, nous avons été élevés avec ces valeurs de partage que préconise la Torah.
C’est donc assez naturellement que nous avons fait le choix de nous impliquer dans la vie communautaire et de prendre part à de beaux projets. Il est important d’être sensible à la douleur des autres, et de donner de son argent ou de sa personne pour aider ceux qui souffrent. D’ailleurs, en Hébreu, nous parlons de Tsédaka, terme qui se rapproche plus de ce qu’on pourrait appeler la justice sociale, et non la charité.
Finalement, le don n’est pas une question d’argent, mais d’état d’esprit.
Quels sont les buts de votre fondation et quelles sont ses actions ?
Les actions de la fondation Famille Brami sont essentiellement en direction de l’éducation, car nos enfants sont notre avenir, et il n’y a pas meilleur investissement.
Mais pour moi, cela va plus loin, c’est une démarche plus profonde, car je considère que l’éducation est l’un des piliers de la culture juive. Or, l’accès à l’éducation n’est pas aussi simple qu’on le croit parfois, surtout quand on veut rester dans des structures juives.
Un des projets prépondérants dans mon action est un soutien à l’école Alef de Neuilly, qui a beaucoup grossi ces dernières années, car il y a un exode de l’est vers l’ouest, dans la région parisienne, pour ce qui concerne la communauté juive d’Ile-de-France. Ce projet me tient particulièrement à cœur car l’école Alef est une structure de qualité, dispensant un enseignement de haut niveau tout en perpétuant les valeurs du judaïsme. Je suis particulièrement admiratif du travail effectué depuis de longues années par mon maître, le Rav Ariel Gay, qui déploie une énergie considérable au quotidien pour faire de ce Centre un lieu exceptionnel de par son dynamisme. Car Alef n’est pas seulement une école, c’est également une synagogue, à Neuilly, un Centre créé par le Grand-Rabbin Joseph Sitruk, dont j’étais très proche. C’est donc aussi pour moi, au-delà de l’apport financier que j’ai pu fournir, un hommage à son œuvre et une manière de la perpétuer.
Avez-vous mené à bien d’autres projets depuis un an ?
Oui, j’ai insisté sur celui-ci mais je suis bien entendu aussi investi ailleurs. Quand on sait que certaines personnes manquent de nourriture pour shabbat, on comprend qu’il faut agir, et vite.
J’ai été très touché par ce que peuvent accomplir des associations comme Mazone, à Paris et Marseille, que j’ai eu l’occasion de soutenir.
Je m’engage aussi dans des projets qui sont présentés par la FJF. Par exemple, le Village des Enfants Extraordinaires, lieu d’accueil pour des enfants, disons, hors normes. J’ai fait partie des fondations abritées qui ont participé à aider ce village.
Beaucoup d’associations font des actions que je trouve exceptionnelles et je veux être à leurs côtés. Je citerai Le puits de Myriam. Je connais bien le Rav Yossef Louria, qui s’en occupe. C’est une personne exceptionnelle, qui dédie sa vie aux autres, et qui est un véritable homme de terrain. Il a appelé son association Le puits de Myriam, car il est très impliqué dans la formation des « Balanyiot », qui sont les personnes qui s’occupent du trempage rituel dans les mikvés. Avec les événements récents en Israël, cette association a aussi des actions de grande envergure en direction des soldats. J’ai été particulièrement ému de recevoir des photos de soldats que j’ai pu aider en cette période difficile pour notre peuple.
Quels sont vos projets d’avenir ?
L’objectif de la fondation Famille Brami est d’avoir une philanthropie active, ce qui signifie plus que donner de l’argent. Il faut s’engager. Pour moi, c’est très épanouissant, ça donne du sens.
C’est aussi l’occasion de faire des rencontres enrichissantes, en étant en contact avec des personnalités inspirantes.
Pour l’heure, la fondation fonctionne avec des fonds propres, mais elle sera probablement assez vite ouverte à la collecte, pour de nouveaux projets, de nouvelles rencontres. Je tiens à faire vivre cette fondation, à la maintenir active, engagée dans des actions culturelles et éducatives.